Le Rivotril (clonazépam) est une benzodiazépine indiquée dans l’épilepsie chez l’enfant et l’adulte. Cependant il est l’objet d’un détournement toxicomaniaque, notamment en France et au Maghreb, bien que ce ne soit pas des cas isolés. Il peut également être utilisé comme une arme de soumission chimique c’est à dire administrée à l’insu de la victime pour lui porter atteinte.
Son surdosage peut aller jusqu’à un coma de courte durée mais n’engage que rarement le pronostic vital quand il est pris seul. Il n’est pas rare de constater une atteinte psychologique avec des envies suicidaires ce qui nécessite une surveillance particulière pour les individus sous traitement.
Cependant, son utilisation parallèle s’est tout de même instaurée en France dans le cadre du sevrage au Rohypnol, un hypnotique lui-même utilisé à des fins toxicomaniaques, qui n’est plus commercialisé depuis 2013. Le Rivotril est alors devenu une drogue de rue prescrite par des médecins et fréquemment consommée avec de l’alcool.
Quant au Maghreb, le mésusage du clonazépam est un réel problème de santé publique. En effet il s’agit d’une des drogues les plus populaires. D’après une étude, 40 à 45% des 12-35 ans de Casablanca seraient usagers de cette substance. Il a également été montré qu’il y avait une très forte relation entre usage de drogues et criminalité dans cette zone.
L’exportation de cette molécule par les laboratoires français ayant été stoppée, un trafic entre la France et le Maghreb s’est mis en place afin de répondre à la demande, toujours plus importante, même si des laboratoires d’autres pays en exportent. Ce trafic s’organise grâce à des ordonnances falsifiées au nom de médecins maghrébins partout en France, mais principalement en région PACA en raison de la proximité géographique. Des pharmaciens d’officine ont d’ailleurs étés interpellés, notamment à Marseille. Les usagers de cette spécialité peuvent donc s’en procurer au marché noir pour des prix très élevés.
Le cas du Rivotril incite à la réflexion quant à la banalisation des produits que nous serons, pour certains, amenés à manipuler. Cet exemple nous montre qu’il est important de ne pas oublier que les médicaments peuvent aussi ne pas soigner ou prévenir mais détruire.
Sources : SWAPS et Usage détourné du Rivotril® : état des lieux et rôle du pharmacien inspecteur de santé publique de Stéphane CARDON
1 http://www.pistes.fr/swaps/47_101.htm
2 https://documentation.ehesp.fr/memoires/2011/phisp/cardon.pdf
Par Caroline Poignant.