A l’aube du 21ème siècle, le cancer reste maître sur son terrain car aucun remède ne peut totalement l’éradiquer. En effet, les principaux traitements antitumoraux dits conventionnels reposent sur la chirurgie, la radiothérapie, et la chimiothérapie. Cependant certains cancers ne répondent pas ou mal à ces traitements et induisent des effets secondaires.
Selon les scientifiques, une partie de notre système immunitaire pourrait être explorée pour traiter le cancer, ce qui constitue une piste vers un nouveau traitement : l’immunothérapie. Celle-ci représente un véritable changement du paradigme en matière de prise en charge du cancer. L’immunothérapie a connu un boom en cancérologie au cours des dix dernières années. Il s’agit de stimuler les cellules immunitaires impliquées dans la reconnaissance et la destruction de la tumeur et de renforcer le système immunitaire. Ainsi cette nouvelle approche ne s’attaque pas directement à la cellule cancéreuse.
Parmi les approches d’immunothérapie, il est possible de stimuler la réponse immunitaire globale à l’aide de cytokines qui sont synthétisées par certaines cellules en réponse à un signal. On peut aussi bloquer des signaux tumoraux spécifiques à l’aide d’anticorps monoclonaux ou armer le système immunitaire contre la tumeur.
Aussi, depuis plus d’un siècle, l’immunothérapie utilisant des virus, bactéries ou protozoaires est explorée et l’efficacité antitumorale de ces micro-organismes repose sur trois mécanismes principaux : la destruction des cellules tumorales, la stimulation du système immunitaire et la reprogrammation du micro-environnement tumoral.
L’idée de s’attaquer au cancer à l’aide d’un parasite est née dans les années 1970 où il a été observé qu’une infection chronique par le protozoaire intracellulaire Toxoplasma gondii conférait une résistance à la souris contre de nombreux pathogènes et contre certaines tumeurs. À l’état sauvage, ce parasite est responsable de la toxoplasmose. Les chercheurs ont alors observé que, lorsque Toxoplasma gondii infecte un organisme sain, celui-ci se met à produire des cellules tueuses naturelles ainsi que des lymphocytes indispensables à la réponse immunitaire. Ce parasite s’installe à l’intérieur des cellules responsables de l’activité phagocytaire qui sont à l’origine de la destruction des bactéries, virus et autres intrus dans l’organisme.
Se basant sur ce constat, des chercheurs ont développé le vaccin “CPS” qui contient le parasite Toxoplasma gondii sous forme inoffensive. Il ne peut plus se répliquer mais il infecte les cellules phagocytaires et déclenche la réponse immunitaire de l’hôte. Habituellement les stratégies basées sur les micro-organismes utilisés ne font que stimuler les cellules immunitaires de l’extérieur. Cependant, T.gondii obtient un accès privilégié à l’intérieur des cellules de l’immunité innée. Lorsqu’il est muté, il reprogramme le pouvoir naturel du système immunitaire pour déblayer les cellules tumorales.
Même si les perspectives de traitement sont encore lointaines, ces pistes de recherches ouvrent de nouveaux espoirs pour le combat mené contre le cancer.
Manel SI SMAIL
Sources :
- « Turning Toxoplasma Against Cancer » – The Scientist
- « Immunothérapie des cancers Agir sur le système immunitaire pour lutter contre la maladie » – INSERM
- « Une piste prometteuse contre le cancer en utilisant un protozoaire » – INRAE
- « Un parasite associé à l’immunothérapie pourrait améliorer la réponse de certaines tumeurs » – FuturaSanté