Des chercheurs de l’University College London ont réalisé la première méta-analyse au monde de la relation entre le syndrome de stress post-traumatique (SSPT) et la démence. Couvrant plus d’un million de sujets, l’étude a révélé que le SSPT, en particulier s’il n’est pas traité, peut doubler le risque de développer une démence au cours de ses dernières années.
La nouvelle étude, publiée dans le British Journal of Psychiatry, décrit la démence comme peut-être le plus grand défi de santé mondial du 21èmesiècle. Plus de 50 millions de personnes dans le monde souffrent actuellement de cette maladie et les estimations suggèrent que la prévalence mondiale de la démence triplera d’ici 2050. En l’absence de traitements efficaces, la clé à court terme de la gestion de cette maladie dégénérative sera d’identifier et de prendre en charge précocement les principaux facteurs de risque pouvant influencer le développement de la démence.
Un récent examen systématique d’une équipe de chercheurs canadiens a trouvé des preuves d’une relation bidirectionnelle entre le SSPT et la démence. En examinant 25 études antérieures, la revue a conclu que le SSPT augmente le risque de démence, mais que la démence augmente également le risque de SSPT d’apparition retardée.
Cette nouvelle méta-analyse a tenté de quantifier l’association entre le SSPT et l’augmentation du risque de démence. Les données de 13 études ont été regroupées, englobant 1,69 million de sujets. Dans l’ensemble, la recherche a révélé qu’un diagnostic de SSPT était associé à une probabilité 61% plus élevée de développer une démence.
Fait intéressant, le taux de démence chez les anciens combattants atteints de SSPT était inférieur à celui observé dans la population générale. En prenant les données des anciens combattants, l’étude a révélé que les personnes de la population générale avec un diagnostic de SSPT étaient deux fois plus susceptibles de développer une démence. Les chercheurs émettent l’hypothèse que cette découverte pourrait suggérer que le traitement actif du SSPT pourrait réduire le risque de démence ultérieure, car les anciens combattants sont beaucoup plus susceptibles de recevoir un traitement pour le SSPT que la population générale.
« De nombreuses personnes atteintes de SSPT n’ont pas accès au traitement, parfois en raison d’un manque de capacité de soins de santé mentale, mais aussi en raison de la stigmatisation qui empêche souvent les gens de demander de l’aide », déclare l’auteur principal Vasiliki Orgeta. Nous avons maintenant plus de preuves de la façon dont les expériences traumatisantes et l’accès au traitement pourraient avoir un impact à long terme sur les individus et influencer le risque futur de développer une démence.
On ne sait pas à ce stade exactement quels mécanismes pourraient potentiellement expliquer cette association entre le SSPT et la démence. Les chercheurs émettent l’hypothèse d’un certain nombre de possibilités, y compris la simple suggestion que le SSPT peut influencer de nombreux facteurs comportementaux connus pour amplifier le risque de démence, allant de la dépression à la dépendance.
Une hypervigilance constante et une nouvelle expérience récurrente du traumatisme peuvent activer la menace et les voies neurobiologiques liées au stress, augmentant ainsi la vulnérabilité à la démence : il s’agit d’une hypothèse émise par les chercheurs dans l’étude.
En effet à mesure que les symptômes du SSPT se développent, l’évitement et le retrait de la vie quotidienne et sociale peuvent entraîner une diminution de la stimulation cognitive, réduisant la réserve cognitive et la résilience des individus aux changements neuropathologiques associés à la démence. Le SSPT et la démence peuvent également partager une vulnérabilité génétique sous-jacente commune, les voies entre les deux étant bidirectionnelles.
La question la plus importante soulevée par l’étude est peut-être de savoir si le traitement précoce du SSPT peut retarder de manière significative, voire prévenir, l’apparition de la démence. Si le SSPT est un facteur de risque notable de démence, il s’agit de quelque chose qui est probablement traitable. Parallèlement aux thérapies préexistantes, les données extrêmement prometteuses de l’essai de phase finale de la psychothérapie psychédélique assistée par la MDMA suggèrent qu’un traitement précoce peut envoyer la maladie en rémission.
Il s’agit d’avancées majeures dans la recherche sur la démence qui mérite encore beaucoup d’attention et sur lesquelles la science agira au fil des années.
LAMBERT Capucine
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