La prégabaline (LYRICA® et autres génériques) est un médicament indiqué dans le traitement de certaines formes d’épilepsies, des troubles anxieux généralisés et de douleurs neuropathiques. Appartenant à la classe des gabapentinoïdes, elle va modifier l’activité des canaux calciques voltage-dépendants et ainsi diminuer l’excitabilité des neurones.
Cependant ces médicaments font l’objet d’un suivi national d’addictovigilance depuis 2013. En effet, compte tenu des nombreux signalements de cas d’abus, de dépendance et de mésusage, une surveillance particulière a été mise en place par l’Agence Européenne des Médicaments (EMA). En 2018, le bilan présenté au comité technique du Centre d’Evaluation et d’Information sur la Pharmacodépendance (CEIP) a mis en exergue deux types de signaux. Tout d’abord le détournement des prescriptions avec notamment la falsification d’ordonnance et le nomadisme médical et/ou pharmaceutique. Ensuite, l’augmentation de l’utilisation de la prégabaline au sein des populations à risque ce qui, in fine, peut engendrer une consommation non thérapeutique liée à une obtention illégale.
L’usage abusif de la prégabaline est de plus en plus marqué. Apparu en 2011, l’usage récréatif de cette molécule n’a cessé d’augmenter avec vingt-six notifications recensées en 2017 et cent-six en 2018. Aujourd’hui, c’est l’Association des centres d’addictovigilance qui réexamine les risques d’abus et d’usages récréatifs de la prégabaline qui provoque des effets euphorisants et sédatifs. On a identifié deux populations dans ce mésusage : premièrement, les sujets faisant une polyconsommation de substances psychoactives comme l’héroïne ou autres opioïdes, deuxièmement, certains patients initiant la prégabaline dans un contexte thérapeutique mais dépassant les doses maximales.
En ce sens, l’ANSM souhaite faire part aux prescripteurs des précautions à prendre lorsqu’ils ont affaire à des patients souffrant d’antécédents de toxicomanie. Ainsi, il faut être vigilant quant aux signes de mésusages, d’abus ou de dépendance tels qu’un comportement de recherche du médicament, l’augmentation des doses ou encore le développement d’une tolérance.
Alexia ROUBAUD
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