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Homme & animal, « une seule santé » ?

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Zika, Ebola, grippe aviaire, SIDA, toutes ces pandémies ont pour point commun une origine animale comme 60 % des pathogènes humains. Partant de ce constat, on saisit alors la limite d’une approche strictement cloisonnée à l’Homme pour envisager la santé.

Le concept appelé « une seule santé » ou « One Health » se propose d’étudier de manière équivalente et concertée la santé humaine, animale et environnementale. On pourrait résumer l’approche « One Health » par l’étude de la santé des personnes et des animaux dans un environnement partagé. La naissance du concept est récente et correspond aux années 2000, mais c’est en 2010 que les institutions internationales considèrent officiellement la thématique. Il faut différencier le concept « une seule santé » d’autres approches intégrées tel que l’approche nommée « ecoHealth » qui consiste à centrer son approche sur les écosystèmes. Ou encore la santé environnementale qui traite de la santé spécifiquement humaine au travers de son environnement. La vision « une seule santé » a la spécificité de traiter particulièrement des maladies infectieuses entre Hommes et animaux. Les thématiques particulièrement étudiées sont donc naturellement les zoonoses, l’antibiorésistance qui concerne autant l’Homme que les animaux d’élevage, ainsi que les maladies animales ayant un impact sanitaire sur l’alimentation humaine.

L’apparition de « une seule santé » peut s’expliquer par l’émergence depuis 50 ans d’épidémies liées à des zoonoses (infections transmissibles entre l’Homme et l’animal) dont la fréquence n’a de cesse d’augmenter. Cette inquiétante augmentation peut se comprendre à la lueur de plusieurs modifications, notamment par l’accroissement global de la population humaine, intensifiant ainsi mécaniquement les contacts souvent proches avec des animaux sauvages ou domestiques. Dans le même temps, ces contacts se produisent dans des environnements soumis à de fortes perturbations pouvant induire un déséquilibre. Cette situation est à compléter par l’intensification des mouvements de personnes, animaux et aliments d’origine animale. Les émergences sont donc multifactorielles comme l’éclairent de multiples exemples tels que les risques alimentaires infectieux de grande échelle par des salmonelles. L’émergence de la maladie de Lyme ou encore la dissémination de vecteurs tel que Aedes aegypti, vecteur de la fièvre jaune et de la dengue sont emblématiques d’une description selon « une seule santé ».

L’attrait théorique d’un concept aussi large pose légitimement la question de son applicabilité sur le terrain. Le premier élément imposé par une telle démarche est la prévention et la surveillance des risques majeurs dans tous les secteurs par une diversité d’acteurs afin de stopper les diffusions très rapidement. En plus de ce premier élément qui se voudrait institutionnel comme le fait déjà l’ANSES en France, le travail de recherche permettra de mieux prévoir et anticiper les risques à différentes échelles sur le modèle de la pluridisciplinarité. De part les thématiques traitées, « une seule santé » pose la question du lien entre science et décision et la façon dont il pourrait être rendu plus efficient. Par-delà les postures qui pourraient se trouver militantes et certains raccourcis parfois hâtifs, ce concept « une seule santé » pousse à une étude scientifique approfondie dans le but de percevoir toute la complexité des interrelations existant dans le monde vivant. Plus globalement cette approche pourrait à terme devenir un outil de décision afin de garantir une meilleure sécurité sanitaire.

   

                                                                                                                              Romain PIMENTINHA

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