Louis Figuier, Marcellin Berthelot et bien d’autres illustres prédécesseurs l’ont porté avant nous, sans doute pour d’autres considérations que la santé masculine. Il n’en demeure pas moins que chaque année les moustaches fleurissent un peu partout durant tout le mois de novembre. Cet attribut masculin un brin désuet est alors remis sur le devant de la scène, le temps de rappeler l’importance de la prévention.
« Movember ou novembre bleu en français est un mouvement mondial ayant pour vocation de réaliser une prévention concernant la santé masculine. Sont notamment abordés le cancer de la prostate, le cancer des testicules ainsi que la santé mentale. Est ici pris le parti de traiter uniquement du cancer de la prostate, un cancer très fréquent qui lui vaut son appellation de « premier cancer de l’homme ». Avec près de 70 000 nouveaux cas chaque année il est donc, selon l’expression consacrée, un problème sanitaire majeur, constituant en termes d’incidence le premier cancer chez le sexe masculin. Engendrant la mort de 9000 personnes chaque année, l’âge moyen au moment du diagnostic est de 71 ans. Malgré son appellation familière, et ses représentations parfois caricaturales, l’absence de dépistage systématique généralisé prive de connaissances un grand nombre de ces messieurs. Partant du principe que « on ne combat bien que ce que l’on connaît », tour d’horizons des connaissances sur le premier cancer de l’homme.
Le cancer de la prostate est dans la grande majorité des cas un adénocarcinome, la cellule initiale est une cellule de l’épithélium glandulaire. Concrètement, cela correspond à une masse de cellules cancéreuses (tumeur), au sein de la prostate, sensible à la testostérone. Il ne faut pas confondre cette tumeur maligne avec l’hypertrophie bénigne de la prostate (ou adénome) qui correspond à tumeur bénigne, se matérialisant par l’augmentation du volume de la glande et qui survient quasi systématiquement chez les hommes de plus de 70 ans. Physiologiquement, la prostate est une glande, située en aval de la vessie, entourant l’urètre, elle a entre autres pour fonction de produire le liquide prostatique, formant une partie du sperme. Le cancer de la prostate ou devrait-on dire les cancers de la prostate car deux types sont à distinguer selon l’Association Française d’Urologie : « ceux à risque de mourir (grave ou agressif, à évolution souvent rapide), et ceux de petite taille à évolution lente ou diagnostiqués chez des hommes de plus de 75 ans ».
Devant ce constat, on peut se demander comment s’organise le dépistage aujourd’hui en France ? Il est bon de savoir que celui-ci est soumis à de vieilles controverses et qu’à ce jour, il n’en existe point de généralisé et systématique. En effet la Haute Autorité de Santé ne recommande pas le dépistage systématique, arguant du fait que le bénéfice en termes de réduction de mortalité globale n’est pas démontré. Actuellement il s’effectue donc au cas par cas, pour un patient informé ou à risque, généralement à partir de 50 ans en dialogue avec un médecin, constitué par un toucher rectal ainsi qu’un dosage du taux de PSA (Prostate Specific Antigen, antigène spécifique de la prostate). Le PSA étant un biomarqueur de plusieurs pathologies prostatiques, il ne suffit pas à lui seul pour une révélation parfaite et nécessite si un taux élevé est constaté de plus amples investigations. Force est de constater qu’actuellement, c’est le dosage du PSA qui permet le plus fréquemment de donner un signe d’alerte pour ensuite aller explorer plus précisément afin de poser un diagnostic histologique à l’aide d’une biopsie. Une fois diagnostiqués, les cancers de la prostate sont pris en charge en fonction de l’espérance de vie estimée ainsi que du stade de la maladie (allant de 1 pour les plus petites tumeurs à 4 pour un stade métastatique). En fonction de ces paramètres est décidée une prise en charge allant de la surveillance renforcée à la radiothérapie, en passant par la chirurgie (prostatectomie) et l’hormonothérapie. Les médicaments de référence de l’hormonothérapie, ayant pour objectif de bloquer l’action de la testostérone sur la tumeur sensible, par différents moyens, sont les analogues de la GnRH, les anti androgènes et le Dégarélix.
En espérant que cet article ait modestement contribué au « Movember » pour mieux connaître les spécificités de la santé des hommes.
Romain PIMENTINHA
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