La diaboulimie est un terme utilisé par les médias pour désigner un trouble alimentaire survenant chez une personne atteinte de diabète (généralement de type 1), se manifestant principalement par la restriction volontaire de la prise d’insuline afin de perdre du poids. Les professionnels de santé utilisent également le terme ED-DMT1 (Eating Disorder-Diabetes Mellitus Type 1) pour désigner tout trouble alimentaire associé à un diabète de type 1.
Les diabétiques sont plus nombreux que la population générale à montrer des troubles alimentaires. En effet, le diabète peut avoir un grand retentissement psychologique sur l’image corporelle, notamment dans le contexte de la réadaptation du mode de vie des patients, qui les oblige à surveiller ce qu’ils mangent. De plus, les valeurs hautes de glycémie et d’Hb1Ac (hémoglobine glyquée) influent aussi sur la perception des notions de poids. Dans le cadre du diabète de type 1, les patients traités établissent rapidement un lien direct entre l’insuline et la prise de poids, ce qui peut les conduire à rationner leur prise d’insuline afin de limiter la prise de poids.
La diaboulimie peut survenir à n’importe quel âge et à n’importe quel moment après le diagnostic du diabète, mais elle est plus fréquente chez les jeunes de 15 à 30 ans et en particulier les femmes : 10% des jeunes femmes diabétiques souffrent d’un trouble du comportement alimentaire contre 4% de la population générale. Cette pathologie implique une interaction complexe de facteurs, tels que l’insuline, la glycémie, les émotions et l’image corporelle, qui nécessite une prise en charge multidisciplinaire, à la fois du diabète et de la santé mentale.
Ceci-dit la diaboulimie ne présente pas de diagnostic spécifique avec un code de diagnostic propre à la maladie, mais le diagnostic peut se faire par l’observation comportementale et émotionnelle du patient, traduisant notamment une mauvaise observance thérapeutique quant à la prise d’insuline. Cette omission d’insuline va se traduire par une hausse ou une absence d’amélioration des valeurs biologiques telles que l’Hb1Ac et la glycémie, ce qui devrait alarmer les professionnels de santé et les diriger vers la piste des Troubles du Comportement Alimentaire (TCA).
Ainsi, les conséquences de la diaboulimie seront d’autant plus graves que la composante psychiatrique impactera l’observance thérapeutique du diabétique, conduisant à un diabète mal régulé pouvant provoquer toutes sortes d’atteintes physiques liées à une élévation chronique de la glycémie telles que : la rétinopathie du diabétique, l’œdème maculaire (pouvant aller jusqu’à la cécité), la neuropathie périphérique (pieds diabétiques pouvant aller jusqu’à l’amputation), néphropathie glomérulaire, augmentation du risque cardio-vasculaire… Ce qui explique que les experts britanniques ont qualifié la diaboulimie de « trouble alimentaire le plus dangereux au monde”.
Enfin, les gouvernements et systèmes de soins mettent en place des mesures afin de mieux prévenir et prendre en charge les TCA du diabétique, comme en Angleterre où des programmes ont été mis en place par le National Health Service afin d’assurer une prise en charge pluridisciplinaire des diabétiques. Cela permettrait de soigner des centaines de patients atteints de diaboulimie.
Alexandra DAVID
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