Le chikungunya est une maladie virale due à un arbovirus, le virus chikungunya, et transmise par des moustiques du genre Aedes. Les symptômes les plus fréquents sont une fièvre et des douleurs articulaires. Le chikungunya est une infection qui sévit majoritairement en zones tropicales et intertropicales où les vecteurs Aedes sont très présents. Ces moustiques, communément appelés “moustiques tigres”, sont aussi présents en zones tempérées, notamment en Europe, y compris en France métropolitaine et en Italie. Cette dernière à d’ailleurs connu deux épidémies en 2007 et 2017.
L’évolution de la maladie est le plus souvent favorable au bout d’une dizaine de jours, sans séquelles, mais le chikungunya peut aussi évoluer vers une phase chronique marquée par des douleurs articulaires persistantes. Celles-ci peuvent survenir chez 30 à 40% des patients et durer plusieurs mois voire plusieurs années chez certains patients. On a également observé des cas d’infection chez des nouveau-nés, la transmission du virus se faisant lors de l’accouchement, ayant entraîné des atteintes neurologiques graves (méningo-encéphalite responsable de séquelles). Il n’existe pas de traitement antiviral actif contre le virus du chikungunya, le traitement étant donc symptomatique essentiellement basé sur les antalgiques (paracétamol), et les corticoïdes dans les formes invalidantes. Il faut parfois avoir recours au méthotrexate et aux anti-TNF en cas de rhumatisme chronique.
Le chikungunya n’est donc pas une infection sans conséquences, ce qui a conduit la communauté scientifique à orienter ses efforts de recherche vers le développement d’un moyen de prévention de cette maladie à travers la vaccination. Plusieurs approches sont étudiées pour la vaccination : virus de la rougeole recombinant, virus chikungunya atténué, pseudo-particules virales, adénovirus du singe ou virus de la vaccine (MVA) recombinant. Mais pour l’instant aucun vaccin n’a été concrètement mis en place.
Ceci-dit, le 5 août 2021, le laboratoire Valneva a communiqué les résultats préliminaires d’un essai de phase 3 mené avec son candidat vaccin VLA1553, constitué du virus chikungunya atténué, rendu non pathogène par une délétion d’une partie de son génome. L’essai a inclus 4 115 adultes sur plusieurs sites aux États-Unis. Les premières évaluations font état d’une immunogénicité (production d’anticorps) chez 98,5 % des participants ayant reçu une seule dose, et d’une bonne tolérance. VLA1553 est, à la connaissance de Valneva, le seul candidat vaccin contre le chikungunya actuellement en essais cliniques de Phase 3 ciblant une protection durable avec une seule injection du vaccin. Le vaccin s’est déjà vu attribuer par la FDA le statut de « Breakthrough Therapy » (thérapie de rupture) qui devrait faciliter et accélérer son développement.
Enfin, Valneva a récemment annoncé qu’une présentation est prévue sur son candidat vaccin lors de la huitième conférence nord-européenne sur la médecine des voyages (« NECTM8 »), ce 9 juin 2022 à Rotterdam, afin de témoigner de l’avancée du développement et des résultats complémentaires de l’essai de phase 3.
Alexandra DAVID
Sources :
- « La mise au point d’un vaccin contre le chikungunya avance à petits pas » – Vidal
- « Valneva Announces Positive Phase 3 Pivotal Results for its Single-Shot Chikungunya Vaccine Candidate » – Valneva
- « Un vaccin contre le chikungunya bientôt sur le marché ? » – Sciences et Avenir
- « Le chikungunya » – Santé publique France