L’immunothérapie a révolutionné la lutte contre le cancer. Parmi les différentes stratégies d’immunothérapie, la plus récente, les CAR-T, constitue un nouveau traitement qui modifie génétiquement le système immunitaire du patient pour lui permettre de devenir un « tueur de cancer ». Ils sont un nouvel espoir dans le traitement de certains cancers du sang.
Les CAR-T cells c’est quoi ?
C’est un traitement unique pour chaque patient à partir de ses propres lymphocytes T. Ces derniers sont prélevés du patient, puis modifiés génétiquement en laboratoire de manière à leur faire exprimer, au niveau de leur surface, un récepteur chimérique reconnaissant un antigène “ CAR”. Ce récepteur (CAR) est conçu pour que sa partie extracellulaire reconnaisse un antigène tumoral, le plus spécifiquement possible. Celui-ci leur permet de reconnaître les cellules cancéreuses, d’une part, et de s’activer pour détruire ces mêmes cellules cancéreuses d’autre part. Une fois modifiés, les lymphocytes T sont réinjectés au patient.
Production des CAR T-cells
La production des cellules CAR-T commence par le prélèvement des lymphocytes T du patient, qui sont ensuite modifiés génétiquement afin qu’ils puissent reconnaître toute cellule cancéreuse. Pour cela, ils sont dans un premier temps collectés par leucaphérèse, puis isolés et activés à l’aide d’anticorps spécifiques. Après contrôle de leur qualité, ils subissent une modification génétique artificielle, on parle de modification ex vivo (en dehors de l’organisme). À ce stade, on ne parle plus de lymphocytes T mais de cellules CAR-T. Ces dernières se multiplient in vitro avant d’être renvoyées à l’hôpital pour être réinjectées au patient. Une seule perfusion suffit et les CAR-T continuent à se multiplier pour agir dans l’organisme du patient
Actuellement, ce traitement concerne certains types de lymphomes et leucémies. Il s’adresse à des patients qui ont déjà reçu au moins deux traitements préalables et chez qui la maladie a récidivé ou n’a pas évolué favorablement.
En 2018, l’EMA accorde un avis favorable quant à l’utilisation de deux types de cellules CAR-T anti-CD19 : le tisagenlecleucel et l’axicabtagène ciloleucel – dans la prise en charge d’hémopathies de phénotype B malignes, après deux lignes de traitement. Cela représente un espoir thérapeutique. Cependant, ce ne sont pas des médicaments anodins, ils peuvent engendrer chez les patients traités des effets indésirables sérieux. Notamment le syndrome de libération cytokinique et de la neurotoxicité. Ainsi, administrer cette thérapie requiert une surveillance et le suivi du patient à court et long termes. Des améliorations sont donc nécessaires afin, notamment, d’améliorer leur efficacité dans le traitement des tumeurs solides, de maîtriser la toxicité de cette approche et de faciliter leur accès en pratique courante.
Cette forme d’immunothérapie individualisée en est encore à ses prémices et beaucoup de questions scientifiques restent à élucider. Différentes pistes d’amélioration de ces cellules sont ainsi à l’étude et pourraient ouvrir la voie à de nouvelles générations, par exemple les CAR-NK ou encore les CAR allogéniques (UCAR-T).
Manel SI SMAIL
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