En 2020, plus de 400 greffes ont été réalisées en France. Malheureusement, certains patients demeurent encore et toujours sur la liste d’attente par manque de greffons. Actuellement en France et pour tout organe confondu, la liste compte environ 25 000 malades qui attendent. Ce constat révèle les limites de l’allogreffe et la nécessité de développer d’autres alternatives.
L’allogreffe est une greffe provenant d’un autre organisme humain qui permet de sauver de nombreuses vies. Son utilisation est cependant extrêmement freinée du fait d’un nombre faible d’organes à disposition. Par conséquent, elle est limitée par des conditions de transplantation très sélectives. Les patients ayant des antécédents de cancer, ou des comorbidités trop importantes ne bénéficient finalement quasiment jamais d’un greffon. Aussi, les besoins en greffons demeurent, malgré la réalisation d’allogreffes, toujours exorbitants.
C’est dans ce contexte qu’ont été mises en place les xénogreffes. Ce sont des greffes provenant d’un prélèvement fait sur une espèce différente de celle du receveur. La recherche actuelle utilise le plus souvent des cochons. Ces organes porcins sont génétiquement modifiés pour s’adapter au mieux à l’organisme humain, mais demeurent aujourd’hui, toujours incompatibles sur le long terme. Ils ont néanmoins fait preuve d’un franc succès lorsqu’ils ont été essayés chez l’Homme pendant un temps abrégé.
De fait, en octobre 2021, une femme en mort cérébrale se fait transplanter un rein porcin. Ce dernier a, contre toute attente, fonctionné en exerçant son rôle notamment celui d’évacuer de l’urine. Puis, en janvier 2022 aux Etats-Unis, un patient en insuffisance cardiaque terminale non éligible pour recevoir une allogreffe en raison d’importantes comorbidités, s’est vu attribuer un cœur porcin. Ce patient a survécu 2 mois avant que l’organe ne soit finalement rejeté.
Dans ce domaine, les organisations de la santé souhaitent progresser prudemment. Il est vrai que ces xénogreffes présentent un risque de transmission à l’espèce humaine de rétrovirus endogènes pouvant induire une diffusion incontrôlable. De plus, beaucoup de questions éthiques sont soulevées et discutées par cette technique de greffe. Face à cela, actuellement certains scientifiques s’intéressent à d’autres techniques comme la greffe d’organes entièrement artificiels.
Ainsi, même si la technique de la xénogreffe n’est pas encore parfaitement aboutie, ces dernières années ont mis en lumière une avancée majeure. Ces récentes expériences ont permis d’amener des possibilités jusque-là inenvisageables, ce qui ravive l’espoir chez beaucoup de patients.
Alicia NABTI
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