A l’occasion de la 2ème édition du Pharmaconnect, l’association Pharm&Cie a choisi de mettre en avant les start-up et ainsi d’en apprendre plus sur l’entrepreneuriat.
Plusieurs intervenants ont partagé leurs expériences avec les étudiants présents ce vendredi 19 novembre 2021 et ont essayé de définir ce que le terme « entreprendre » signifiait.
Womed – Xavier Garric
L’action d’entreprendre commence généralement par une idée que l’on souhaite réaliser. Le premier intervenant Xavier Garric, directeur du département biopolymères artificiels de l’IBMM, nous a parlé de Womed, dont il est le cofondateur en tant que consultant scientifique. Cette start-up s’est intéressée à un besoin médical non satisfait en chirurgie gynécologique : les adhérences intra-utérines. Ce projet de recherche a duré 5 ans et en 2018, le dispositif a obtenu le marquage CE et a été commercialisé. Le financement constitue une difficulté pour monter l’entreprise, il est donc nécessaire de faire des dossiers pour demander de l’argent jusqu’à ce que l’entreprise en rapporte, « c’est quelque chose qu’il faut anticiper dès le départ ». En effet que ce soit le développement ou la structure accueillant l’entreprise, tout a un coût. De plus, recommande M. Garric, « il faut faire attention de ne pas se disperser et de bien connaître son marché » pour réfléchir à élargir ou non son portefeuille d’activités.
Sensorion – Otmane Boussif
« Les jeunes sociétés permettent de prendre plus de risques, d’oser des choses que d’autres ne feraient peut-être pas et de temps en temps des choses marchent et ouvrent des aires thérapeutiques nouvelles » explique Otmane Boussif, doctorant en BioPhysico-Chimie et directeur des opérations techniques de la société Sensorion. La société est dédiée au développement de thérapies géniques innovantes et étudie l’origine des mutations de gènes mais aussi des cas de maladies rares, et est en collaboration avec l’Institut Pasteur. Elle est focalisée sur 3 axes principaux : « restaurer, traiter et prévenir » dans le domaine des pertes d’audition, afin de répondre à des besoins médicaux insatisfaits dans le segment des troubles de l’oreille interne. Quel que soit l’âge et l’expérience, on a besoin de perspective de développement et c’est une des raisons qui a poussé M. Boussif à s’engager dans cette start-up.
WeFight – Pierre Nectoux et Clémence Le Dreff
La société WeFight a vu le jour grâce à la rencontre de Benoît Brouard, pharmacien passionné par les nouvelles technologies et Pierre Nectoux, ingénieur spécialisé en Computer Science. Ensemble, ils ont décidé de créer WeFight qui est une entreprise qui développe un assistant virtuel pour les patients atteints de maladies chroniques. L’entreprise créée en 2017 compte aujourd’hui plus de 70 personnes et leurs produits sont utilisés par plus de 300 000 patients/proches de patients dans le monde. Le premier problème auquel ils se sont intéressés est la solitude des patients entre chaque rendez-vous avec leur médecin. Ils ont donc essayé de combler le vide avec la création d’un premier ChatBot. Les patients sont plus enclins à parler de leurs problèmes personnels à un chatbot qu’avec l’entourage ou le médecin directement. Cela permet d’apporter des réponses : « globalement, les patients ont les mêmes questions à différents moments de la maladie donc plutôt que d’avoir un système de NLP qui répond à toutes les questions au même moment, nous allons juste comprendre à quel moment elles sont posées ». Cela est permis grâce au travail des chefs de produits comme Clémence Le Dreff, qui participe au développement d’un Vik pour une maladie donné en gardant le patient au centre. Elle échange avec eux et les associations afin d’améliorer le produit, puis l’équipe technique mettra en œuvre la réalisation des tâches demandées. « En tant que pharmacien cela devient un champs de possibilités qui est énorme dans une start-up et ce qui est encore mieux c’est la polyvalence que vous aurez. Vous monterez en compétences, c’est challengeant et valorisant aussi, on est tous des professionnels de santé et si on s’est engagé dans ces études c’est pour apporter chacun quelque chose au patient à notre échelle » ajoute-t-elle.
Capgemini Enginering – Lipsa Nag
Nous avons malheureusement eu un souci de connexion Internet avec Lipsa Nag qui n’a pas pu être présente sur place. L’échange fut rapide mais enrichissant. Mme. Nag en 2017 a levé des fonds pour incuber son projet à la Station F donc pour monter sa première start-up. Depuis 2020, elle est chef de projet Mind&Act qui vise à développer et tester de nouvelles interfaces Cerveau-Machine. Elle est aussi consultante en innovation à la direction R&I chez Capgemini Enginering, société active dans le domaine de l’innovation et du conseil en ingénierie avancée.
MUSE – Amine Mokri
Enfin, la création de start-up est soutenu, et c’est ce que Amine Mokri, chargé d’affaires d’incubations chez MUSE coordonné à l’Université de Montpellier nous a expliqué. MUSE souhaite donner tous les outils nécessaires pour passer de l’idée au projet. Pour cela, il existe par exemple l’INCUB@GAME qui permet de sensibiliser le public à la création d’entreprise et dont le but est d’aider le participant à réaliser une « auto-évaluation » de ses compétences d’entreprises. Au sein de MUSE, il y a des structures dédiées à l’accompagnement entrepreneurial tel que l’incubateur étudiant baptisé UM-I Lab by Moma. De plus, le Languedoc-Roussillon dispose d’un pôle, PEPITE-LR, qui promeut et accompagne les étudiants dans leur projet de création, ce qui rend possible d’allier études et entrepreneuriat en obtenant des horaires aménagés. On compte aussi des extracteurs d’innovation comme celui du CHU qui concernent directement les personnels qui peuvent par eux-mêmes émettre des idées innovantes. Un autre programme aussi mis en place depuis 2020 est Booster d’Innovation Montpellier regroupant une dizaine de porteurs de projets, qui seront accompagnés durant 2 jours sur des aspects opérationnels et structurant pour leur projet.
Finalement, Montpellier possède beaucoup de structures et programmes mettant en valeur l’entreprenariat et l’essentiel comme l’a répété plusieurs fois M. Mokri est « d’oser faire le premier pas même si vous n’êtes pas très confiants de votre idée ».
Sanofi – Hervé Drouillard
Pour conclure, Hervé Drouillard, parrain de l’association Pharm&Cie et pharmacien responsable R&D à Sanofi, a accentué l’importance de discussion qu’il devrait y avoir entre les universités, les Big Pharma et les start-up afin d’avoir différentes approches. La notion de courage ressort aussi de cette démarche entrepreneuriale, ne faut pas avoir peur de parler aux autres et d’aller au bout de ses idées.
Le message de ce soir sera « bouger, oser, tester et voir ce qu’il se passera par la suite ! ».
Après toutes ces interventions, l’ensemble des participants ont été invités à partager un buffet offert par l’association et à échanger leurs idées par rapport au thème de la soirée.
En interrogeant des étudiants présents sur leur ressenti, la majorité était venue par curiosité et pour écouter des retours d’expériences. Notre objectif de sensibilisation a été accompli : les étudiants ont été inspirés par le parcours de ces entrepreneurs et ont découvert une autre façade de l’industrie pharmaceutique.
M. Boussif a également ajouté « [qu’il était] très intéressant de se renseigner sur les métiers de demain mais aussi en montrant de la curiosité. [Il a] souvent vu des présentations avec les mêmes thèmes explicatifs alors qu’ici c’était challengeant, le discours était spontané, en tant qu’intervenant on réfléchit à notre expérience et on s’enrichit aussi, cela permettra grâce à votre dévouement, aux autres étudiants de prendre contact, de préparer le réseau ».
La présidente de Pharm&Cie Léa Marrouche est revenue sur cet évènement : « le but de ce PharmaConnect était de sensibiliser les étudiants à l’idée de créer une start-up, qu’il existe une possibilité de poursuivre et d’aller au bout de son idée. À la faculté, on nous parle souvent d’employabilité, de rédaction de bons CV, de lettres de motivation, d’entraînement aux entretiens, mais on ne nous parle pas souvent de ce qu’il faut faire si on a la bonne idée et qu’on veut la développer. La majorité des personnes ne connaissait pas MUSE et son existence alors qu’il existe beaucoup de moyens mis en place ».
Une soirée riche en échange d’expériences, et stimulante, qui encouragera certainement les futurs professionnels à se lancer dans le monde de l’entrepreneuriat!
Maria UNGUREANU