Des chercheurs de l’Université de Göteborg ont pour la première fois étudié le microbiote intestinal de sujets atteints de prédiabète. L’étude, publiée dans la revue Cell Metabolism, révèle que les bactéries intestinales d’une personne pourraient être utilisées pour prédire sa probabilité de développer un diabète de type 2.
Cette information découle de l’observation selon laquelle les recherches précédemment étudiées, cherchant à mettre en lumière le lien entre le microbiote intestinal et le diabète, sont pour la plupart des études qui consistent à comparer des individus en bonne santé à ceux déjà diagnostiqués. Le problème est qu’il devient difficile de savoir dans quelle mesure la maladie, ou possiblement son traitement, a influencé la population bactérienne intestinale de l’individu. Pour surmonter ce problème, les chercheurs ont réuni une cohorte de plus de 1 000 sujets présentant divers signes de prédiabète.
Le prédiabète englobe un certain nombre de lectures anormales de sucre dans le sang, d’une altération de la glycémie à jeun à une altération de la tolérance au glucose. Cependant, ces lectures anormales ne sont pas suffisamment élevées pour provoquer des symptômes visibles menant à un diagnostic de diabète. Les résultats de cette nouvelle étude ont révélé que des différences de microbiote intestinal distinctes étaient détectables chez ces sujets prédiabétiques par rapport à un groupe témoin sain. Les sujets présentant une altération de la glycémie à jeun présentaient les différences de microbiote les moins importantes, tandis qu’une altération de la tolérance au glucose était liée à de plus grands changements bactériens.
L’étude a également révélé que des sujets prédiabétiques et ceux récemment diagnostiqués avec un diabète de type 2 mais n’ayant pas encore commencé de traitement, présentaient des niveaux inférieurs de bactéries intestinales productrices de butyrate. Le butyrate est un acide gras à chaîne courte produit par un certain nombre d’espèces bénéfiques de bactéries intestinales. Des recherches antérieures ont révélé un niveau significativement bas de bactéries productrices de butyrate dans les microbiotes des patients diabétiques. Cette étude suggère une association entre l’augmentation des signes de diabète et des niveaux inférieurs de bactéries productrices de butyrate.
Comme pour de nombreuses études de ce type, il est impossible de connaître la direction causale de cette relation microbiote-diabète. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre si les modifications du microbiote (potentiellement influencées par l’alimentation) sont directement à l’origine des problèmes métaboliques ultérieurs, ou si le microbiote répond simplement à la maladie métabolique.
Le chef de l’étude, Fredrik Bäckhed, suggère qu’il pourrait être plausible à l’avenir qu’un probiotique de nouvelle génération traite ou prévienne potentiellement le diabète de type 2. Il note cependant que ces informations sur la relation entre les changements du microbiote et le début de la maladie offrent de nouvelles façons d’identifier les personnes à haut risque et illustrent également comment les changements de bactéries intestinales se produisent en parallèle avec le statut glycémique d’une personne.
Cette étude permet donc d’affiner les connaissances sur cette maladie chronique dont souffrent plus de 4 millions de personnes, permettant ainsi d’améliorer les chances de détecter, prévenir et traiter cette maladie.
Capucine LAMBERT
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