Sur décision de l’Agence du médicament, dès Avril 2020, les spécialités antalgiques contenant du tramadol (voie orale) ne pourront être prescrites que pour une durée maximale de 3 mois contre 1 an auparavant. Au-delà de ces 3 mois, les patients devront faire renouveler leurs ordonnances auprès de leurs médecins traitants. Cette mesure a pour objectif d’améliorer la prise en charge de la douleur et de limiter les « usages problématiques » du tramadol.
Un mésusage croissant :
Le tramadol est à ce jour l’opioïde le plus consommé en France avec près de 6,8 millions de Français en ayant consommés au moins 1 fois dans l’année. Bien que le tramadol garde un intérêt majeur dans le traitement des douleurs modérées à intenses, le réseau français d’Addictovigilance détecte de plus en plus de cas de mésusages et dépendance que ce soit chez les usagers de drogues ou dans la population générale.
Du fait de la tolérance et de la dépendance qui s’installent lors du traitement par tramadol, certains patients continuent leur traitement en l’absence de douleur et/ou augmentent les doses. Ils s’exposent ainsi à des risques de surdosages et de dépressions respiratoires pouvant conduire au décès. D’après les conclusions de l’enquête DTA (décès toxiques par antalgiques) de 2017, le tramadol est le premier antalgique impliqué dans les décès liés à la prise d’antalgiques, devant la morphine.
La recherche d’effets psychoactifs et la dépendance peuvent aussi conduire à des actes transgressifs. Le tramadol devient ainsi le deuxième antalgique le plus fréquemment retrouvé sur les ordonnances falsifiées (selon l’enquête OSIAP de 2018) après la codéine.
Le bon usage du tramadol :
L’ANSM rappelle aux professionnels de santé de rester vigilants aux risques de convulsions, de baisse de vigilance, de tolérance et de dépendance lors de la prescription et dispensation de spécialités contenant du tramadol. Elle les encourage à ne prescrire que pour la plus courte durée possible et à délivrer les plus petits conditionnements compatibles. Elle souligne également l’importance de diminuer progressivement la posologie avant l’arrêt de traitement pour éviter tout syndrome de manque.
Elle encourage les patients à respecter les posologies et les durées indiquées sur les ordonnances, à consulter leurs médecins si la douleur n’est pas suffisamment ou rapidement soulagée et à ne jamais arrêter brusquement leurs traitements.
Maéva ROY
Sources :
– Point d’information de l’ANSM
– Enquête OSIAP 2018
– Enquête DTA 2017
– Etat des lieux de la consommation des antalgiques opioïdes et leurs usages problématiques