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Une nouvelle méthode de vaccination contre la tuberculose aux résultats spectaculaires

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Et s’il suffisait de changer le mode d’administration d’un vaccin pour doper son efficacité ? C’est la conclusion d’une équipe de chercheurs de l’université de Pittsburgh qui se sont intéressés au cas du vaccin BCG contre la tuberculose.
Ce vaccin, ancien et reconnu, consiste en une injection sous-cutanée de souches vivantes atténuées de la bactérie Mycobacterium tuberculosis. Si le BCG (Bacille de Calmette et Guérin) en sous-cutané protège très bien contre la forme grave de la maladie, il n’empêche cependant pas une infection et une forme « latente » de cette dernière, qui peut se « réveiller » lors d’une baisse de l’immunité et rendre le patient contagieux.
En effet, selon une méta-étude de 2014, seules 27 % des personnes vaccinées sont protégées de l’infection, 71 % étant protégées contre la maladie.

C’est à partir de ce constat que l’immunologiste Robert Seder, assisté par une équipe de recherche de l’Université de Pittsburgh, s’est demandé si une injection intraveineuse directe entraînait une meilleure protection chez le patient. En 2013 déjà, des résultats encourageants avaient été obtenus par le Dr. Seder et la NIH après l’injection du vaccin contre la malaria en IV contre une administration sous-cutanée ou intramusculaire.
L’équipe de recherche a ainsi testé diverses administrations du vaccin BCG chez 52 macaques, dont la réaction immunitaire au bacille est identique à celle de l’être humain. Ainsi, la procédure standard en sous-cutanée a été comparée à une injection intradermique avec une dose 100 fois supérieure, à une administration par aérosol (avec un masque) et à une administration IV. Lors de l’infection des primates 6 mois plus tard, tous les modèles n’ayant pas étés vaccinés par voie intraveineuse ont alors développé un foyer de la maladie dans leurs poumons. Pour ce qui est des singes vaccinés en intraveineuse, 6 individus sur 10 résistent totalement à l’infection et les 4 autres développent une forme particulièrement peu virulente de la maladie.

L’explication avancée par les chercheurs est que le vaccin par intraveineuse entraîne une production supérieur de lymphocytes T dans les poumons. La bactérie n’a alors pas le temps d’atteindre la circulation sanguine, où elle aura la capacité de rentrer en phase dormante et d’infecter le patient au long terme.
« Cette découverte pourrait amener au développement d’un nouveau vaccin chez l’Homme et sauver des millions de vies », assure JoAnne Flynn. La tuberculose reste l’une des 10 premières causes de mortalité dans le monde, avec 10 millions de nouvelles infections chaque année et 1,5 million de décès.

Antoine LAURENT

 

Sources:

Publication d’origine dans la revue Nature

Méta-étude précisant la proportion de personnes vaccinées protégées par l’infection