Le diabète de type 2 représente 90% des cas de diabète dans le monde. Il résulte d’une insulino-résistance parfois génétique, mais souvent acquise par notre mode de vie moderne. Avec des sociétés de plus en plus sédentaires et consommant des aliments hautement transformés, riches en graisses trans et sucres, les risques d’avoir une population en mauvaise santé métabolique n’ont jamais été aussi grand.
Si le lien entre le développement d’un syndrome métabolique de type « foie gras » (appelé syndrome NASH) et l’apparition d’un diabète de type 2 a déjà été démontré dans le passé, les mécanismes biologiques intervenants au cours d’une « rémission » de ce diabète, après une perte de poids par exemple, restaient encore inconnus. Ce sont ces mécanismes qu’ont étudié récemment une équipe de recherche de l’Université de Newcastle, d’après une publication dans la revue Cell.
Pour comprendre la démarche de cette étude, il est important de rappeler d’abord la place centrale du foie dans le métabolisme lipidique, et ainsi dans le développement ou la rémission d’un diabète. La fonction hépatique est celle de traiter les « déchets » de l’organisme : alcool, toxines, etc… Plus encore, le foie va permettre une synthèse de lipoprotéines. Ces protéines sont des transporteurs pour des lipides tels que les triglycérides ou bien le cholestérol, qui vont effectuer un trajet entre le foie et les différents tissus de l’individu.
Ainsi, les chercheurs ont mesuré le taux de VLDL, transporteur particulièrement chargé en triglycérides, chez des patients diabétiques en rémission à la suite d’une perte de poids. Ils ont alors remarqué que chez des patients en rémission durable, le taux de VLDL mais aussi des graisses pancréatiques et hépatiques a largement diminué. Au contraire, chez un patient avec une rémission temporaire et bien plus courte, ces taux ré-augmentent de nouveau. Il semble donc que ces derniers jouent un rôle dans la physiopathologie du diabète, mais les auteurs de l’étude rappellent qu’aucun lien cause-conséquence peut encore être établi. En effet, selon le professeur Roy Taylor, « cela signifie que nous pouvons maintenant voir le diabète de type 2 comme une condition simple où l’individu a accumulé plus de graisses qu’il ne peut en supporter ».
Pour conclure, lors de l’apparition d’un diabète de type 2 ou d’une rechute après rémission, le foie saturé en graisse va produire beaucoup trop de transporteurs qui iront saturer les tissus voisins en triglycérides. Le pancréas, organe proche du foie, va alors être s’engraisser à son tour, ce qui va diminuer la réponse des cellules beta à l’insuline.
Il reste maintenant aux chercheurs à comprendre pourquoi à la suite d’une perte de poids, certains patients vont connaître une rémission durable et d’autre temporaire.
Antoine LAURENT