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Le polyamour: Je suis et serai toujours un cœur à prendre

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En amour comme dans bien d’autres domaines, notre société est organisée autour d’une certaine idée de la normalité. Néanmoins, le couple traditionnel n’a pas le vent en poupe. Face au nombre croissant de séparations, beaucoup réinventent les règles du jeu en bousculant les schémas sur la fidélité et la jalousie. Nommées explicitement ou non, façonnées par la liberté de chacun, de nombreuses configurations différentes du couple ont vu le jour au fil des années. Le polyamour en fait partie.

Le terme apparaît pour la première fois en mai 1990 dans un article du magazine néopaïen américain Green Egg, où il est défini comme une « non-monogamie consensuelle, éthique et responsable ». Étymologiquement, le mot polyamour vient du grec et du latin et signifie simplement « amours multiples ». Être « polyamoureux » c’est donc avoir de multiples relations amoureuses, souvent engagées. Malheureusement, ce terme mène souvent à des confusions car il est associé à tord au libertinage et à l’échangisme. Cependant, ce mode de vie n’a rien à voir avec une pratique uniquement basée sur la sexualité. De plus, contrairement à l’adultère dans la monogamie, les polyamoureux font preuve de transparence et d’une confiance mutuelle. Il ne s’agit donc pas d’une infidélité mais d’une façon différente de concevoir ses relations amoureuses.

Les Grecs avaient plusieurs mots pour parler d’amour. Eros, l’amour physique, l’excitation sexuelle, philia, la tendresse ou l’amour de l’esprit de l’autre et agapé, l’amour désintéressé, l’amour pour l’amour. Les polyamoureux vont jouer sur ces nuances, ces différentes formes d’amour. C’est une acceptation du fait qu’une seule personne ne peut et ne doit pas être contrainte de combler tous les désirs ou besoins d’une personne. Comme on a tous appris à aimer plusieurs amis chacun à leur juste valeur, lorsque l’on est polyamoureux on aime plusieurs personnes de manière différenciée sans qu’une seule ne vienne combler l’érotisme, l’affection ou la passion.

Ces relations impliquant plus de deux personnes ne sont pas anarchiques. Dans une relation monogame habituelle, les règles sont implicites alors que dans cet engagement-ci, elles sont définies simplement et explicitement. Concernant ces règles, il n’y a pas de norme. En effet, on peut dire qu’il y a autant de définitions que de polyamoureux. Certains conçoivent leurs relations de manière hiérarchique, c’est-à-dire qu’ils ont un partenaire principal qui occupe une place particulière et d’autres non. Quoi qu’il en soit, dans le cadre d’une relation telle que celle-ci, la communication est essentielle car cette façon de vivre n’est pas sans complications. À noter que dans une relation comme celle-ci toutes les parties doivent être consentantes, chacun des partenaires connaît l’existence de l’autre et l’accepte mais tous les partenaires d’un polyamoureux ne sont pas forcés de le pratiquer eux-mêmes. Pour une relation épanouie, ils doivent simplement accepter le choix de leur amoureux, les partenaires acceptent de voir l’être aimé s’épanouir en toute liberté tout en choisissant de continuer à partager sa vie.

Le polyamour met en exergue de nombreuses questions. Ainsi, à quoi ressemblera le couple de demain ? Devons-nous le reconcevoir ? L’amour est-il forcement singulier ? Finalement, l’amour est un trop vaste sujet et nul ne peut se vanter d’avoir trouvé le schéma universel. Alors, pour être heureux, il faudrait réussir à comprendre et adopter la solution qui nous convient le mieux en toute fidélité avec nous-mêmes.

 

Clara Labrousse

Sources:
Inter, France. « Êtes-vous fait pour le polyamour ? », 3 avril 2017.
« Le polyamour, aux racines d’une sexualité plurielle ». Le Monde, 7 mai 2019.
« Le polyamour ? C’est quoi ? – Polyamour.info ». 
« Le polyamour ». France Culture. 
« Pansexuel, polyamour, métapartenaire… Le nouveau code amoureux ». Le Monde, 14 juin 2019.

Pour en savoir plus: La Salope éthique, 1997, Dossie Easton et Janet W. Hardy