Interview de Lucas Pagès
Double cursus Pharmacien/Ingénieur chimiste
27 mars 2018
Parle moi un peu de ton parcours.
Pourquoi as-tu choisi ce cursus ? Qu’est ce qui te plait là-dedans ?
Je m’appelle Lucas PAGÈS, j’ai bientôt 23 ans, je finalise actuellement mes études de pharmacie avec un double-cursus à l’ENSCM (École de Chimie de Montpellier) pour obtenir le double diplôme de Docteur en Pharmacie & Ingénieur Chimiste. J’ai choisi la filière industrie car je voulais travailler en R&D. La R&D m’a toujours intéressé parce qu’en travaillant dans ce domaine je peux mener des activités scientifiques en associant différentes disciplines (chimie, biologie, pharmacologie, galénique…). Le pharmacien, avec sa formation transversale, a un gros bagage de connaissances et peut, selon moi, très clairement jouer un rôle clef dans une équipe de R&D. Ce ne sont pas les pharmaciens qui sont les plus présents dans l’industrie pharmaceutique mais s’ils arrivent à valoriser leur formation, il n y a pas de raison qu’ils n’aient pas de succès !
Où as-tu fais ton stage de 5ème année ? Décris moi un peu l’entreprise. Pourquoi avoir choisi celle-là et pas une autre ?
J’ai effectué mon stage de 5ème année (été 2017) à Sanofi Montpellier, dans le service de biopharmacie qui est rattaché à la plateforme de développement des formes orales. Ce stage a duré 5 mois et portait sur la caractérisation in vitro d’une formulation lipidique atypique associant deux principes actifs antipaludiques, je ne peux pas en dire davantage ! Sanofi est un grand groupe pharmaceutique qui a beaucoup de moyens et qui constitue un excellent terrain de stage pour tout étudiant souhaitant travailler dans l’industrie. J’ai choisi cette entreprise par un concours de circonstances, car l’opportunité s’est présentée et que pouvoir intégrer une grande entreprise en restant sur Montpellier c’était quand même une chance à saisir !
Cette année, j’ai effectué mon stage de 2ème année (été 2018) de l’ENSCM en Autriche (N.B. : Il est nécessaire en France d’effectuer au moins 3 mois à l’étranger pour obtenir le diplôme d’ingénieur) dans le laboratoire de radiopharmacie du service de médecine nucléaire du CHU d’Innsbruck. C’est un laboratoire public qui a des activités de routine pour les patients (routine et essais cliniques) et aussi des activités de recherche (avec des étudiants en thèse). Je voulais découvrir la radiopharmacie (on en parle si peu dans nos études) parce que je suis particulièrement intéressé par la R&D de composés à visée anticancéreuse et que je souhaitais en savoir davantage sur cette discipline, peut-être pour la suite de mon cursus… J’ai pu participer aux activités du laboratoire et faire à la fois de la synthèse, de la caractérisation in vitro et in vivo. Le domaine m’a tellement plu que j’ai d’ailleurs rédigé ma thèse d’exercice sur les médicaments radiopharmaceutiques dans l’imagerie et le traitement du cancer de la prostate.
Quels conseils donnerais tu aux étudiants qui recherchent un stage ?
De ne pas avoir peur ! Lancez-vous, contactez tout type d’entreprise, envoyez des mails à plusieurs personnes, posez des questions (et anticipez, plus tôt vous vous y prenez et mieux ça se passera, comme toujours) mais réfléchissez bien aux pour et contre de chaque stage avant de choisir là où vous irez.
Que fais-tu durant ton stage ? Quelles sont tes missions ? Décris- nous ta journée type.
De manière générale, je pense que les stages en R&D s’organisent de la même façon. Il y’a une partie de recherches bibliographiques qui est incontournable, à la fois pour s’approprier le sujet, bien en comprendre tous les aspects, et voir l’évolution de l’état de l’art au fil du temps. S’en suit une phase d’expérimentation : préparation puis réalisation de l’expérience, analyse des données, réflexion quant à la suite à donner. Les données bibliographiques et les données expérimentales permettent de bâtir un raisonnement, d’étayer des hypothèses, de proposer des solutions ! Selon le type de laboratoire, il est même possible que le stagiaire soit associé à une publication scientifique.
Quelles sont les qualités requises pour être un bon stagiaire ?
Tout le monde peut être un bon stagiaire. Un bon stagiaire c’est déjà un stagiaire ponctuel, poli, qui respecte les règles et qui fait ce qu’on lui demande. Je préciserai toutefois qu’un bon stagiaire c’est aussi quelqu’un qui est motivé, intéressé, qui ne se limite pas à ce qu’on lui demande et qui ne compte pas ses heures (dans la limite du raisonnable) : il faut savoir prendre des initiatives !
Quels conseils donnerais-tu aux étudiants ?
Il faut absolument que vous anticipiez votre orientation le plus tôt possible. Pour cela, premièrement, forgez-vous votre propre opinion : parlez autour de vous, rencontrez des gens du métier, récoltez de vraies informations et ne vous fiez pas aux bruits de couloir et à ce que peut penser tel ou tel enseignant. Pour ma part, on m’a très souvent dit que la R&D était une branche morte et que le marketing, la qualité et les affaires règlementaires étaient « plus tendances » mais pourtant, la réalité du terrain c’est qu’il y a des opportunités partout et qu’il faut donc suivre ses envies. Deuxièmement, donnez vous les moyens de réussir. Travaillez votre CV, cherchez des stages, renseignez-vous, prenez des initiatives : vous et vous seul êtes l’acteur de votre cursus. Les possibilités sont énormes alors profitez-en !
Et pour finir, quels sont tes projets d’avenir ?
D’abord, soutenir ma thèse d’exercice pour être diplômé de pharmacie. Ensuite, je serais diplômé de l’ENSCM l’année prochaine, en double-cursus avec le M2 « Chimie des Biomolécules : Recherche & Innovation » de la Faculté des Sciences. Après, je pense faire une thèse de recherche (PhD) dans l’idéal en chimie thérapeutique, mais il faut que je me renseigne sur les opportunités et les financements.
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