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Falsification de médicaments: La technologie comme arme dans cette guerre sans merci

Inefficace, toxique voire mortel, un médicament sur dix vendu dans le monde est une contrefaçon. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, les médicaments falsifiés seraient à l’origine d’un million de morts par an dans le monde. Le fléau des faux médicaments ne connaît pas de frontières et ceux-ci sont aujourd’hui en tête des produits contrefaits devant la cigarette et la drogue. Face à cet enjeu majeur de santé publique, la guerre contre ce trafic se joue aujourd’hui sur le terrain de la technologie.

En mars dernier, Adebayo Alonge, scientifique et entrepreneur, a reçu le Grand Prix du concours international Hello Tomorrow pour son innovation le RxScanner. Un laboratoire de poche connecté permettant de déceler en 30 secondes si un médicament est contrefait. Ce Nigérian, qui à l’âge de 14 ans est resté dans le coma pendant trois semaines suite à l’ingestion d’un comprimé falsifié de Ventoline, a décidé de livrer une guerre sans merci contre ce trafic avec pour ambition d’éradiquer le fléau mondial des faux médicaments.

Avec le RxScanner, tous les espoirs sont permis. Ressemblant à une simple boîte noire, ce spectrophotomètre alliant chimie, numérique et intelligence artificielle permet de discriminer les médicaments falsifiés avec une fiabilité de 97,5%. Outil de technologie complexe, il est pourtant très simple d’utilisation. La personne voulant vérifier l’authenticité d’un médicament doit simplement déposer le comprimé sur la lentille de l’appareil et lancer l’application spécifique préalablement téléchargée sur son smartphone. L’envoi des données dans le cloud permet à un logiciel d’intelligence artificielle de comparer les informations récoltées à une banque de données avant de rendre son verdict. Afin de sécuriser le transfert de données, la technologie blockchain, un système de contrôle interne va être mis en place.

Le lancement commercial a eu lieu en octobre 2018 et depuis celui-ci 700 RxScanner ont été mis en circulation. Ils sont aujourd’hui utilisés entre autres par des organismes africains d’autorisation de mise sur le marché des médicaments et des pharmacies en Birmanie.

L’entrepreneur et ces deux cofondateurs Wei Liu et Amy Kao affichent déjà de nouveaux objectifs, avec 4 millions scans de médicaments, contre 300 000 aujourd’hui, le spectrophotomètre pourrait atteindre une précision de 99%, le premier objectif sera donc d’augmenter la base de données de références. Ils espèrent également pouvoir réduire le prix de cet appareil qui est actuellement de 1350 euros. Enfin, l’Afrique sub-saharienne restant le terrain de jeu préféré des trafiquants, un des nombreux objectifs sera de développer des abonnements mensuels afin de faciliter l’accès à cette technologie.

Néanmoins, la France est loin d’être épargnée, l’autorisation en 2013 de la vente de médicaments sans ordonnance sur internet a décuplé les risques. En effet, 95% des pharmacies en ligne sont illicites et un médicament sur deux sur ces sites est un médicament falsifié. Ainsi, la nécessité de technologies d’authentification permettant de lutter, en tout point du globe, contre la falsification de médicaments ne fait aujourd’hui plus aucun doute.

Clara Labrousse

Sources:
« A faux médicaments, vrai combat ». Sanofi.fr

« Adebayo Alonge, détecteur de faux médicaments », Article, Le Monde, Laure Belot, 29 mai 2019.

« Les outils technologiques ». IRACM

« Pouvons-nous être victimes de faux médicaments en France? », Le figaro, 19 mai 2017.

Image: « Se Espirrar, Saúde (SeES!): Remédios falsos – uma praga para ricos e pobres ».