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Un trio contre la muco

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80% des malades atteints de la mucoviscidose n’ayant pas bénéficié d’une greffe pulmonaire seraient concernés par un nouveau traitement, exagération, panacée ou réalité clinique, qu’en est-il réellement ? Une trithérapie va prochainement modifier la prise en charge de la mucoviscidose en France. Après une autorisation de mise sur le marché en 2020, le médicament KAFTRIO® suscite aujourd’hui un grand espoir du côté des patients.

La mucoviscidose est principalement connue pour ses manifestations pulmonaires, mais la maladie affectant toutes les sécrétions, les fonctions digestives ou reproductives sont également très touchées. Les patients peuvent tant souffrir de BPCO que d’atteinte pancréatique. De multiples complications incluant des troubles fonctionnels ou des infections bactériennes impactent grandement la qualité de vie des patients dont l’espérance est comprise entre 40 et 50 ans. En tant que maladie génétique, la mucoviscidose est due à une mutation sur le chromosome 7, il s’agit donc d’une maladie génétique autosomique, et récessive car les deux gènes parentaux doivent être mutés pour l’apparition de la maladie. A l’aide du dépistage néonatal systématique, on connaît la prévalence qui est aujourd’hui en moyenne de 1 naissance sur 4500 et on estime à 6000 le nombre de patients atteints de mucoviscidose vivant en France.

L’origine de tous les maux se situe dans la mutation du gène CFTR porté par le chromosome 7, codant pour la protéine du même nom, acronyme de Cystic Fibrosis Transmembrane Conductance Regulator. La protéine CFTR se retrouve dans la membrane des cellules de plusieurs muqueuses dont la présence et le fonctionnement permettent l’échange d’ions chlorures. Multitude de mutations affectant diversement la protéine sont décrites dont près de 400 sont de manière certaine impliquées dans la pathologie. Des anomalies de repliement ou l’absence de la protéine CFTR, conséquences des mutations, réduisent la quantité d’eau excrétée. Le mucus devient alors visqueux, les muqueuses sont soumises à un état inflammatoire récurrent. La diversité des mutations peut provoquer une diminution de la disponibilité jusqu’à l’absence totale d’expression. Notons l’importance d’une mutation particulière concernant 70% des malades français, celle-ci engendre une anomalie de repliement correspondant à la nomenclature p.Phe508del. Il s’agit donc de la délétion de l’acide aminé phénylalanine en position 508 de la protéine CFTR, abrégé en mutation F508del.

La prise en charge actuelle consiste essentiellement en un traitement symptomatique : mucolytique, antibiothérapie, séance de kinésithérapie… La spécialité KAFTRIO® produite par le laboratoire Vertex Pharmaceuticals constitue donc une innovation thérapeutique. Formée par l’association : ivacaftor / tezacaftor / elexacaftor aux dosages respectifs de 75mg /50mg/100mg, elle est indiquée en association avec un autre médicament contenant de l’ivacaftor nommé KALYDECO®. Le schéma posologique est ainsi résumé simplement par « KAFTRIO® le matin, KALYDECO® le soir ». Le prix d’une boîte de 56 comprimés pour un mois de traitement dépassant les 10 000 euros, celui-ci est classé comme médicament d’exception, à prescription initiale hospitalière. Concernant le mécanisme d’action, la spécialité allie le tezacaftor et l’elexacaftor qui vont augmenter le nombre de protéines CFTR, à l’ivacaftor, qui va quant à lui améliorer l’activité de la protéine déficiente. Ce traitement doit être prescrit d’emblée aux patients atteints de mucoviscidose portant au moins une mutation F508del. Avec un service médical rendu important, il constitue le traitement de première intention pour les patients homozygotes. Les études cliniques menées ont démontré une amélioration des capacités pulmonaires, de la qualité de vie et d’un ensemble de critères de jugements cliniques pertinents. Sur cette base, le traitement s’étend à de nouvelles indications et s’adresse ainsi à de plus en plus de patients.

                                                                                                                                         Romain PIMENTINHA

Sources :