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Après le génome, place à l’exposome

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Découvrons l’exposome ou pourquoi le génome ne suffit pas. Devant l’importance des maladies chroniques, l’étude des facteurs environnementaux occupe plus que jamais la recherche française.

Notre pays occupant la seconde place des pays en termes de quantité de publications incluant le mot clé exposome, le concept semble attrayant à plus d’un titre. En premier lieu, celui-ci est utilisé en dehors du champ purement scientifique, tant par les pouvoirs publics, que par la population. En effet, depuis 2016, le concept d’exposome s’inscrit dans le cadre réglementaire avec une inscription dans la loi de modernisation de notre système de santé. Ainsi en France, l’identification des principaux déterminants de santé « s’appuie sur le concept d’exposome, entendu comme l’intégration sur la vie entière de l’ensemble des expositions qui peuvent influencer la santé humaine ». En plus d’une reprise par le législateur, la notion d’exposome est aussi répandue de façon plus ou moins implicite dans la population générale avec une attente sociétale forte en matière de sécurité collective. Cela se caractérise par une sensibilité particulière quant aux enjeux collectifs environnementaux possiblement subis. Concept utilisé ou évoqué, comment est-il appréhendé d’un point de vue scientifique ?

L’exposome prend clairement naissance en 2005, avec l’épidémiologiste Christopher Wild, lui donnant une première définition : comme ce qui « embrasse l’ensemble des expositions environnementales tout au long de la vie (en incluant le style de vie) depuis la période prénatale ». Affiné et complété, on entend par exposome la totalité des expositions de toute une vie. Ces expositions recouvrent « l’environnement chimique, microbiologique, physique, récréatif, médicamenteux, le style de vie, l’alimentation ainsi que les infections ». Une approche holistique c’est-à-dire la plus large possible est plébiscitée en passant de la chimie par la biologie jusqu’aux sciences sociales. Face à l’immensité du champ d’étude, il est bon de se rappeler à quel besoin répond l’approche « exposomique ».

L’identification d’une multitude de facteurs de risques pour une foultitude de maladies contemporaines ne suffit pas à rendre compte de la complexité et demande une nouvelle approche intégrée. La génétique nous soumet, malgré de forts espoirs, à une limite prédictive importante. On estime à seulement 15 à 20 % les maladies pouvant être génétiquement prédites. Il ne faut cependant pas opposer génome et exposome tant ils se complètent. Le second pouvant être vu comme tout ce qui n’est pas génétique, l’intrication des deux représente à ce jour un défi d’un grand intérêt.

Ce concept a pour atout de rapprocher les disciplines, pas seulement par des encouragements rarement performatifs mais très concrètement. En prenant l’exemple d’une démarche complète, il faut en premier lieu détecter les facteurs environnementaux et leurs effets cumulatifs. La nouveauté proposée par l’approche « exposomique » se trouve dans l’étude de l’addition et de l’interaction des différents facteurs tout au long de la vie, cela est très bien représenté par l’image de « l’effet cocktail ». Avec plus de 20 000 substances chimiques enregistrées on saisit aisément la faiblesse des études, exposition par exposition. Enfin, différence majeure avec l’épidémiologie, l’exposition est évaluée à partir de biomarqueurs servant à attribuer un poids relatif au facteur, dans l’objectif final d’établir des causalités, principale incapacité d’une association statistique aussi forte soit elle.

Nous ne sommes ici, pas rentrés dans les détails des différents exposomes existants (internes, externes…), ni dans les défis méthodologiques et analytiques. Nous avons simplement esquissé l’intérêt et la nécessité de cette approche pouvant enrichir grandement la santé publique.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                               Romain PIMENTINHA

Sources :