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Dispensation à l’unité: Une fausse bonne idée ?

Dans le cadre de l’examen du projet de loi relatif à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire, l’Assemblée Nationale a adopté un amendement autorisant la dispensation à l’unité des médicaments à partir du 1er janvier 2020. Une décision qui partage.

L’amendement qui a été adopté par les députés prévoit un recours limité de la vente à l’unité à quelques médicaments dont la liste sera fixée par arrêté. Les modalités particulières de conditionnement, d’étiquetage, d’information de l’assuré et de traçabilité doivent être déterminées par décrets en Conseil d’État.

Les principaux concernés par cette dispensation l’unité sont les antibiotiques. En effet, La période comprise entre 2005 et 2016 s’est soldée par une augmentation de 30% de la consommation en ville de ces molécules. Devant l’augmentation grandissante de la consommation d’antibiotiques directement corrélée à celle des résistances bactériennes, l’heure est grave. Les causes de cette augmentation seraient un recours excessif aux antibiotiques, des prescriptions approximatives, soit trop courtes ou trop longues, et enfin une dispensation à la boîte qui amplifie les mésusages.

Pour une telle décision, la Cour se base sur les résultats de l’expérimentation de 2015. Lors de cette période de dispensation à l’unité des antibiotiques, la consommation de ceux-ci avait diminué de 10% et permis par la même occasion de réduire le mésusage. De plus, la dispensation à l’unité fonctionne dans de nombreux pays comme le Royaume-Uni ainsi les difficultés transitoires liées ce changement ne doivent pas conduire à y renoncer.

Seulement, les résultats de cette expérimentation sont contestés car jugés incomplets. Effectivement, de nombreuses parties sont farouchement opposées à cette idée. L’Union des Syndicats de Pharmaciens d’Officine (UPSO) a toujours refusé le conditionnement à l’unité. Cette pratique n’améliorait par observance et serait dangereuse pour les personnes qui stockeraient les médicaments en vrac. De plus, la disparition des pictogrammes d’avertissement figurant sur les boîtes de médicaments pourrait entraîner de lourdes conséquences. Réellement, il parait difficile de concilier déconditionnement d’un part et pictogrammes d’alerte ainsi que lutte contre la contrefaçon de l’autre.

Les industriels, quand à eux, estiment que le conditionnement de médicaments est adapté à la posologie et et à la durée du traitement telles qu’elles sont indiquées sur la notice et validées par les autorités de santé française et européenne et que cette pratique ferait peser de réels risques pour la sécurité et la traçabilité des médicaments lors de leur distribution aux patients.
Opposé également, le LEEM dont le directeur général a estimé que le gaspillage serait avant tout lié à des prescriptions inappropriées ou mal suivies par les patients.

Paradoxalement, certains industriels estiment que ce projet va à l’encontre des objectifs environnementaux portés par la loi. Les entreprises devront mettre à disposition des pharmaciens des blisters plus grands que les blisters classiques avec prédécoupes individuelles susceptibles de générer 30% de déchets supplémentaires. De surcroît, ce projet de loi ne prévoit pas de contrepartie financière pour les officines alors que celui-ci va totalement bousculer l’organisation de celles-ci qui vont devoir faire face à un temps de préparation plus long et peut-être avoir recours à des nouveaux équipements robotisés pour éviter les erreurs liées aux nombreuses manipulations.

Ce projet de loi soulève de nombreux questionnements et est soumis à controverse mais semble rentrer dans une dynamique de lutte contre le gaspillage et de protection de environnement. Quoi qu’il en soit, pour soutenir cette lutte contre le gaspillage, l’utilisation des TROD Angine en pharmacie sera généralisée en 2020 afin de limiter le recours systématique aux antibiotiques.

Clara Labrousse

Sources:
Le Pharmacien de France – Magazine. « La dispensation à l’unité a la vie dure », 15 février 2019.
Le Quotidien du Pharmacien. « La dispensation à l’unité refait surface ». 
Le Pharmacien de France – Magazine. « L’unité divise », 20 décembre 2019. 
USPO. « L’USPO s’oppose à la dispensation à l’unité », 28 novembre 2019. 
pharmacies.fr, Le Moniteur des. « La dispensation à l’unité : coming soon ? – Le Moniteur des Pharmacies n° 3278 du 15/06/2019 – Revues – Le Moniteur des pharmacies.fr ». Le Moniteur des pharmacie.fr.