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Le grand oublié de la sexualité : Vous avez dit Clitoquoi ?

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Encore mal connu jusqu’à ces dernières années, le clitoris fait aujourd’hui l’objet de nombreuses études. Dès 1923, Marie Bonaparte s’est intéressée à celui-ci néanmoins, il a fallu attendre 1998 et sa dissection entière par Helen O’Connell avant d’avoir une description exacte de son anatomie complète.

D’un point de vue anatomique, seul le gland et le prépuce sont visibles et sont situés au sommet des petites lèvres. Ils mesurent entre 5 et 10 mm. Pourtant, le clitoris mesure 10 cm en moyenne. La partie interne de cet organe peut être vue comme un poulpe qui va entourer tout le vagin. En effet, le gland se poursuit à l’intérieur du corps, forme un coude, puis se sépare en deux arches: le corps caverneux et le corps spongieux. Ces parties cachées entourent respectivement l’intérieur et l’entrée du vagin. Ce serait donc la stimulation interne du clitoris qui donnerait l’impression d’un orgasme vaginal.

L’organe essentiel du plaisir sexuel des femmes partage de nombreux points communs avec le pénis. De même origine embryonnaire, c’est seulement à la 12ème semaine de gestation que la différentiation se fait. Ainsi leurs fonctionnements sont très similaires. En effet, tout comme le pénis, le clitoris est érectile. Sous l’effet d’une stimulation, il se vascularise abondamment et gonfle. Cependant, le mécanisme d’érection chez les femmes est plus long que chez les hommes. Effectivement, quelques secondes suffisent au pénis pour développer une érection totale quand 20 à 30 minutes sont habituellement nécessaires au clitoris. D’autre part, celui-ci est constitué de 7500 terminaisons nerveuses contre environ 6000 pour le pénis, ce qui constitue une autre différence notable.

Le clitoris se différencie également par le fait qu’il soit uniquement destiné au plaisir. Est-ce pour cette raison que cet organe central reste si mal connu ? En effet, selon un rapport sur l’éducation sexuelle du Haut Conseil à l’égalité hommes-femmes datant de 2016, « 84 % des filles de 13 ans ne savent pas comment représenter leur sexe alors qu’elles sont 53 % à savoir représenter le sexe masculin, un quart des filles de 15 ans ne savent pas qu’elles possèdent un clitoris, et 83 % d’entre elles ignorent sa fonction érogène« . Et pour cause, il demeure un organe oublié des manuels scolaires. En 2019, seul un manuel de sciences de la vie et de la Terre (SVT) sur huit représente correctement le clitoris.

C’est pour lutter contre l’analphabétisme sexuel et dans un enjeu d’égalité, que de nombreux collectifs appellent à la mobilisation. Entre autres, le «Gang du clito» compte instagram créé par Julia Pietri, a, à l’occasion de la journée internationale du Droits des femmes le 8 mars dernier, invité les Hommes à placarder où bon leur semble des affiches aux couleurs criardes représentant un clitoris. Un moyen original de rappeler que le sexe de la femme n’est ni proscrit ni honteux. Par ailleurs, une pétition a été lancée par l’organisme pour que le clitoris soit représenté dans les programmes de SVT.

Une démarche engagée dans un contexte où l’excision est encore très largement pratiquée dans le monde. L’OMS estime à 180 000 le nombre de personnes risquant l’excision chaque année au sein de l’Union européenne. De surcroît, l’INED décomptait 53 000 personnes excisées résidant en France en 2004. Ainsi, reconnaître le clitoris comme un organe de plaisir à part entière, c’est aussi mesurer la portée des mutilations sexuelles en plus de lutter contre le tabou qui entoure le désir et l’orgasme féminin.

Labrousse Clara

Si vous souhaitez signer la pétition:
« Pétition · Pour un enseignement du clitoris dans tous les manuels de SVT · Change.org ». 

Sources:

« Il faut lutter contre l’analphabétisme sexuel ». Article, Le Monde, 8 mars 2019.
« Envahissons nos rues de clitoris pour le 8 mars » 
« Le clitoris est enfin correctement représenté dans un manuel scolaire ». Sciences et Avenir. 
« Rejoins la révolution du clitoris – Its not a Bretzel ». 
« La reproduction : 56 le clitoris – Science & Vie », 30 juin 2016.
« Les femmes ont-elles des érections ? – Science & Vie », 24 mars 2017.