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La place des thérapies ciblées pour le traitement des cancers du sein

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Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez la femme. Il fait l’objet d’un programme national de dépistage organisé afin d’être détecté précocement et d’en réduire la mortalité. C’est l’objectif de la campagne d’Octobre Rose : un mois pour sensibiliser au dépistage. Bien que les progrès dans le diagnostic précoce et les stratégies thérapeutiques aient permis une diminution progressive de la mortalité. Il reste la première cause de décès chez la femme. De plus, le choix de la stratégie thérapeutique à mettre en place se fait en fonction de la nature du cancer et du stade de la maladie. Les principaux traitements sont : la chirurgie, la radiothérapie, la chimiothérapie et les thérapies ciblées. 

Parmi les thérapies ciblées, on retrouve l’immunothérapie. Cette dernière agit sur le système immunitaire d’un patient pour lutter contre sa maladie. Elle consiste à stimuler le système immunitaire impliqué dans la reconnaissance et la destruction. L’utilisation de l’immunothérapie devrait bientôt pouvoir être proposée à de nombreux patients pour plusieurs types de cancers. En effet, de nouveaux médicaments et molécules sont en cours d’essais pour répondre aux besoins des patients. Ainsi l’immunothérapie peut être envisagée dans certaines formes de cancer du sein, comme le cancer du sein triple négatif ou encore dans les tumeurs métastatiques.

Il existe plusieurs types d’immunothérapie pour lutter contre le cancer : les anticorps monoclonaux, les inhibiteurs d’un point de contrôle immunitaire ou encore les anticorps armés d’une drogue de chimiothérapie “antibody-drug conjugates” qui composent une classe d’agents thérapeutiques très prometteuse des immunoconjugués. Il s’agit d’utiliser la spécificité d’un anticorps pour cibler la cellule tumorale et libérer, à l’intérieur ou à proximité de celle-ci, un composé hautement toxique qui lui est couplé. Gemtuzumab ozogamicin est le premier anticorps armé d’une drogue disponible sur le marché pour le traitement des leucémies aiguës myéloïdes. Il obtient un premier enregistrement aux États-Unis en 2001, et au Japon en 2005. Concernant les cancers du sein triple négatifs de stade avancé, l’utilisation d’anticorps armés d’une drogue de chimiothérapie est une piste prometteuse. Car elle permet d’amener la chimiothérapie au cœur des cellules tumorales tout en épargnant les cellules saines. De nombreux essais ont permis d’évaluer le Trodelvy (Sacituzumab govitecan), un anticorps drogue-conjugué dans le traitement des adultes atteints de cancer du sein triple négatif. Ce dernier est composé d’un anticorps monoclonal humanisé anti-Trop-2 associé au SN-38. Le sacituzumab govitecan se lie aux cellules cancéreuses exprimant Trop-2 puis est internalisé avec la libération de SN-38. Le SN-38 interagit avec la topoisomérase I et empêche la ligature des coupures simple brin induites par la topoisomérase I. Les lésions de l’ADN qui en résultent entraînent l’apoptose et la mort cellulaire. Le Trodelvy est accessible en France depuis 2020 dans le cadre d’une autorisation temporaire d’utilisation et depuis 2021 dans le cadre d’une autorisation d’accès compassionnel. En France, il concerne les patientes de cancer du sein qui ont reçu au moins deux lignes de traitement en situation métastatique sans effets. 

Cela amène à réfléchir sur la personnalisation des traitements qui est, ici par exemple, un moyen permettant d’augmenter l’efficacité des traitements et d’en réduire les effets indésirables. Un autre exemple relatif à la personnalisation des traitements concerne les inhibiteurs de PARP qui constituent une nouvelle classe thérapeutique dans le traitement des cancers du sein. Ils sont proposés dans les cancers du sein métastatiques liés à une mutation BRCA. Dans certains cancers du sein, les cellules cancéreuses peuvent présenter des mutations au niveau des gènes BRCA1 ou BRCA2. Dans ce cas, ils ne fonctionnent plus normalement et les systèmes de réparation tels que celui de PARP peuvent intervenir au niveau de la cellule mutée. Ainsi les inhibiteurs de PARP empêchent les cellules cancéreuses d’utiliser le mécanisme de réparation lié au PARP. Ce qui va engendrer l’accumulation d’erreurs sur l’ADN et, par conséquent, entraîner la mort des cellules cancéreuses. 

Aujourd’hui, les données révèlent une amélioration de la survie suite à un cancer du sein. Ces chiffres optimistes peuvent cacher la réalité car ils ne concernent pas tous les types de cancer du sein. Parmi eux, on retrouve le cancer dit triple négatif ou encore le cancer HER2 surexprimé pour lesquels les stratégies thérapeutiques restent limitées. Malgré cela, même si les perspectives de traitement restent limitées, des pistes de recherche ouvrent la voie à de nouveaux espoirs, notamment dans les thérapies ciblées.

                                                                                                                                      

                                                                                                                                       SI SMAIL Manel

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