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La phagothérapie : alternative aux antibiotiques ?

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La découverte des antibiotiques est sûrement l’une des avancées majeures dans l’histoire de la médecine. Cet outil miracle a permis d’achever une ère de maladies infectieuses qui a tourmenté l’humanité pendant des siècles. Cependant, cette aubaine pourrait se transformer en malédiction à cause d’une utilisation abusive. L’antibiorésistance est devenue un sujet d’inquiétude au sein de la communauté scientifique.

 

De plus en plus de bactéries deviennent résistantes, voire multirésistantes aux antibiotiques. Le souci est que, de nos jours, les antibiotiques sont les seuls traitements qui combattent efficacement les infections bactériennes. Selon les prédictions de l’OCDE, d’ici 2050, cette antibiorésistance pourrait causer la mort de millions de personnes. Plusieurs alternatives commencent à être envisagées, telle que la production de nouvelles molécules à partir d’intelligences artificielles ou encore la phagothérapie.

 

Cette technique consiste à utiliser des virus, appelés bactériophages, qui sont des virus guérisseurs possédant une activité bactéricide. Ils agissent rapidement et leur croissance est quasi proportionnelle à la quantité de bactéries existantes. En outre, ils sont rarement spécifiques à un seul type de bactéries. Ces armes anti-infectieuses naturelles n’ont pas été découvertes récemment. Ce traitement a connu son heure de gloire dans les années 1920-1930. Cependant, il a été abandonné suite à la découverte de Fleming : la pénicilline.

 

Suite à l’augmentation inquiétante de la multirésistance bactérienne, cette alternative a progressivement retrouvé sa notoriété. Un premier essai randomisé s’intitulant Phagoburn a été effectué sur des infections bactériennes sur brûlures. Les résultats n’étaient pas concluants à cause d’une dose beaucoup trop faible. Cependant, d’autres expérimentations commencent à se révéler positives. Un état des lieux est en train d’être effectué suite à une requête de l’ANSM sur les différents essais cliniques français afin de créer une plateforme d’orientation et de validation du recours aux bactériophages. Le 3 juin 2020, l’ANSM a aussi reconnu Pherecydes Pharma comme une structure en capacité de mettre à disposition des bactériophages. Plusieurs laboratoires dans le monde se sont, eux aussi, lancés et sont désormais en train de multiplier les essais sur ces bactériophages par rapport aux dernières dizaines d’années, ce qui d’ailleurs a aussi freiné la popularisation de ce traitement. Il faudra attendre encore quelque temps jusqu’à ce que de réels essais cliniques soient concluants afin d’en faire un traitement de première intention. Actuellement, cette thérapie est proposée en dernier recours et dans des situations exceptionnelles.

 

BOUZAIENE Sandra

 

Sources :