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Mourir d’un coeur brisé ? Oui, c’est possible !

Le Tako-Tsubo (TTS), syndrome du coeur brisé ou encore cardiomyopathie du stress est une affection du muscle cardiaque. Découvert pour la première fois au Japon en 1991, ce syndrome encore très peu connu n’est pas à prendre à la légère. En effet, ce dernier survient suite à un choc émotionnel : décès d’un proche, chagrin d’amour ou tant d’autres qui vous donnent l’impression que votre coeur va «exploser».

Cette maladie est régulièrement confondue avec un infarctus du myocarde en raison de la similitude des symptômes, néanmoins, leur origine est complètement différente. L’infarctus du myocarde est dû à l’obstruction d’une artère coronaire, tandis que le Tako-Tsubo se manifeste par la déformation du ventricule gauche. En effet, une libération importante de catécholamines va induire une paralysie transitoire de cette partie du coeur qui va prendre une forme d’amphore, l’empêchant d’effectuer sa fonction de pompe. En pratique, pour éviter cette confusion entre un TTS et un infarctus du myocarde, on procède à une échocardiographie. En France, sont recensés chaque année environ 3000 cas de TTS avec un taux de mortalité de 3,7% qui est presque aussi important que celui de l’infarctus du myocarde (5,3%).

Comment ces chocs émotionnels sont-ils à l’origine de ce syndrome ? C’est la question sur laquelle des chercheurs de l’hôpital universitaire de Zurich se sont penchés. Avec l’hypothèse que le cerveau soit en cause de cette maladie, cette équipe a analysé l’activité cérébrale de patients atteints, ou non, de Tako-Tsubo. Leurs résultats, publiés le 5 mars 2019 dans l’European Heart Journal, prouveraient que les patients souffrant d’un Tako-Tsubo auraient une connectivité cérébrale altérée qui les rendrait plus sensibles aux fortes émotions car le traitement de ces dernières serait différent.

Par ailleurs, le risque de développer un TTS n’est pas le même pour tous, des facteurs extrinsèques rentrent en jeu. Effectivement, ce risque serait multiplié par cinq dans la population féminine lors de la ménopause. Durant cette période, une hormone dotée d’effets cardioprotecteurs, l’estradiol, voit sa concentration chuter, ce qui explique l’augmentation du risque de TTS. De plus, les artères des femmes étant plus sensibles aux effets du stress, ces dernières se spasment plus facilement, elles sont donc plus sujettes à souffrir de ce syndrome. Aussi, le diabiète, le tabac, les antécédents de maladies psychiatriques ou encore certains chocs physiques tels une crise d’asthme ou un accident vasculaire cérébral, peuvent participer à la survenue de ce syndrome.

À ce jour, il n’existe pas de traitement spécifique pour le Tako-Tsubo, hormis ceux utilisés de manière empirique pour l’infarctus du myocarde mais dont l’efficacité est remise en question. Néanmoins au vu des récentes études, notamment sur le lien cerveau-coeur, de nouveaux horizons pourraient s’ouvrir quant au développement de traitements spécifiques à cette maladie encore peu exploitée.

Roubaud Alexia

Sources :
WWW.FEDECARDIO.ORG
SANTE.LEFIGARO.FR
WWW.SLATE.FR
WWW.VIDAL.FR